Escale au Sénégal (Saint-Louis et Gorée)

Tout n'est pas rose au Sénégal... Mais ce qui me reste durablement de ce pays c'est la jeunesse, la beauté de nombreux garçons et filles, l'élégance des femmes et l'éclat des yeux et des sourires. La lumière et les couleurs, l'odeur du poisson grillé, le goût des cacahuètes fraîchement grillées et du fruit du baobab. Les klaxons, l'appel des Muezzins, la musique, les éclats de rire.

Gorée, île charmante, et poignante évocation du destin des esclaves

Vous ne verrez pas ci-dessous de photos de la maison des esclaves, parce qu'elle se vit, tout simplement. Ce qui est particulièrement émouvant dans cette visite ce sont aussi tous ces jeunes scolaires qui s'approprient ce passé pour en faire une raison de se battre pour un destin individuel et collectif.

Au-delà de cette visite mémorielle, l'île de Gorée est une très charmante destination pour une grosse demie-journée. La traversée sur le bac, très rapide, est déjà en soi un voyage.

Saint-Louis, l'île de Ndar

Saint-Louis se trouve sur le fleuve Sénégal, près de son embouchure. Le coeur historique est situé sur une île au milieu du fleuve, Ndar. Puis, entre le fleuve et l'océan, se trouve une étroite langue de sable, qui au niveau de Saint Louis supporte le quartier des pêcheurs: c'est la langue de Barbarie, qui s'étire sur environ 20 km.

De fait, Saint Louis offre donc au moins 3 visages différents:

- Ndar, douce et tranquille, suave et languide, avec ses bâtisses coloniales décrépies, ses commerces, tournée vers le tourisme.

- le quartier des pêcheurs, qui est tourné quasiment exclusivement vers cette activité centrale de l'économie de Saint Louis. Par opposition à l'île de Ndar, ce quartier est grouillant de vie, bruyant, épicé et coloré.

- la partie continentale, elle aussi grouillante d'activité, que nous avons moins vue, si ce n'est pour nous rendre au marché.

Ndar est petite, on peut sillonner ses rues à pieds sans crainte de se perdre. Il est fort agréable d'y déambuler au hasard, du nord au sud, d'un bord à l'autre du fleuve, vers lequel on revient immanquablement. Les centaines de bateaux de pêche amarrés sur les deux rives (entre Ndar et le quartier des pêcheurs) constituent un spectacle vivant (en faisant abstraction des sacs plastiques qui jonchent les rives).

Le quartier des pêcheurs (Nget Ndar)

Les talibés

Ils sont là par dizaines, par centaines à errer dans les rues, à mendier. Des enfants livrés à eux-mêmes, loin de leur famille. Cela concernerait plusieurs dizaines de milliers d'enfants au Sénégal.

Qui sont-ils ? Ce sont souvent des enfants des campagnes, confiés par leur famille à un "marabout", un dignitaire musulman en charge d'une soi-disant école coranique (dara). En fait, ils ne reçoivent aucune éducation, et ils doivent mendier pour assurer leur subsistance. Ils sont victimes de mauvais traitements, sont des proies faciles et alimentent des trafics en tous genres.

Des ONG essaient de s'attaquer au problème. Nous avons rendu visite à une de ces associations, qui a mis en place un accueil de jour. Ici, les talibés viennent se reposer, se laver, se vêtir, se faire soigner, jouer comme des enfants insouciants qu'ils devraient être, et, s'ils le veulent, s'éduquer voire apprendre un métier. D'autres voix s'élèvent pour faire fermer les daras, et condamner ces marabouts, mais le combat n'est pas facile, car ces derniers bénéficient de protections.

Sujet plus léger... parlons un peu d'élégance !

J'ai été frappée par la beauté des jeune gens, mais j'ai été encore plus impressionnée par l'élégance de beaucoup de personnes, que ce soit les femmes, qui sortent habillées comme des reines pour aller au marché, ou les hommes, notamment les anciens, pour la palabre de fin de journée.

Beauté du motif, des couleurs, de la matière ou de la coupe..... mais aussi art du drapé ou du jeté, le tout avec un air altier, car l'élégance est aussi affaire de démarche et de maintien !

Le parc national des oiseaux du Djoudj

Et pour finir, la langue de Barbarie

Sous les eaux bleues, chronique d'un drame annoncé...

La langue de Barbarie est à l'origine une étroite bande de sable, de quelques centaines de mètres au plus large, et de 30 à 40 km de long, qui s'étendait de manière continue depuis le nord de Saint Louis jusqu'à l'embouchure du fleuve Sénégal.

S'étendait, car dorénavant une grande brèche sur l'océan est ouverte et ne cesse de s'agrandir, et ce du fait des hommes. En effet en 2003 les autorités ont décidé d'ouvrir une brèche, pensant pouvoir la maîtriser, pour protéger Saint Louis des crues du fleuve Sénégal. Réussite sur le plan des crues, oui mais la nature a pris le dessus... réactions en chaîne... la brèche s'est agrandie considérablement... jusqu'à devenir le nouvel estuaire du fleuve.

Inutile de vous dire que l'équilibre environnemental en est bouleversé, mais une nouvelle menace pèse aussi sur Saint Louis, maintenant pas loin d'être soumise au régime des marées, ce qui la fragiliserait considérablement en cas de montée même minime des océans. Et le quartier des pêcheurs se trouve aux première loges...

Le parc naturel de la langue de Barbarie se trouve au sud de la brèche. C'est une réserve ornithologique de 15 km de long, et de quelques centaines de mètres à 1 km de large. Il englobe la langue, donc la partie plage sur l'océan, et la partie fleuve.

C'est un beau lieu, dont l'équilibre et l'existence même sont maintenant menacés. Des travaux sont prévus, avec l'aide financière (promise) de la France, mais je suis dubitative sur notre capacité à endiguer la catastrophe...

En attendant, je vous laisse admirer la beauté et la quiétude des lieux...

c'est tout...