Beaucoup de plaisir, de belles découvertes, des sourires à profusion. De la vie! Tout ce que nous désirions, et bien plus encore!

La Birmanie est une destination en vogue, et certains expriment des inquiétudes: "trop tard pour le visiter", "trop de monde"... mais le tourisme se concentre encore sur quelques zones très localisées, et à ces endroits, même en haute saison, savoir se lever un peu plus tôt que les autres, décaler un peu les heures de visites, être ouvert aux surprises ou aux imprévus, ou tout simplement savoir marcher un peu plus loin, suffit souvent pour profiter au maximum de son voyage. Dès que l'on s'écarte un tant soit peu, on se trouve immergé et dépaysé.

Et les gens sont bienveillants et amicaux... Bien sûr, depuis notre voyage en 2017, la situation des Rohingyas, traités avec cruauté et cynisme, est venue jeter un voile noir sur le pays. De même, nous avons été frappé positivement par l'atmosphère de religiosité sereine et accueillante qui émanait des lieux de culte que nous avons visités... comment cela peut-il cohabiter avec certains boudhistes extrémistes qui appellent au meurtre des musulmans?

Que le pouvoir politique soit encore aux mains d'une junte corrompue et sans pitié, c'est sûr, tout comme il est sûr que le bouddhisme abrite aussi des fous de Dieu. Ce qui reste c'est la profonde humanité et gentillesse qui se dégage des rencontres avec les Birmans, un peuple qui aspire à la démocratie, et qu'il faut soutenir dans ses aspirations, même si ce pays n'est pas exempt de contradictions.

Maintenant, place à la vie !

Les couleurs, les odeurs, les sourires... quelle joie de retrouver les marchés asiatiques ! Les mots sont ici inutiles, place aux images...

(1er carrousel, marchés de Kengtung et d'Inle Lake, marchés de Mandalay et de Bagan)

La région de Kengtung est une zone sous étroite surveillance, frontalière de la Chine (Yunnan), du Laos et de la Thaïlande, connue comme le "triangle d'or de l'opium". C'est là que nous sommes allés à la rencontre des ethnies Akha et Ann, en marchant dans des collines montagneuses avec notre guide, Shein.

(1er carrousel, villages Akhas, 2ème carrousel, village Ann)

A Kengtung, nous avons aussi eu la chance de pouvoir assister au festival annuel de l'ethnie Lahu. Belle ambiance!

Caché dans un repli des collines Shan, le lac Inle, long d'environ 20 km sur 10 km de large, peu profond (1 mètre à 1 mètre 50), est nourricier pour les 70 000 inthas qui habitent sur et autour du lac, dans des maisons sur pilotis. Toutes ces personnes vivent principalement de la pêche, du maraîchage et, pendant les mois d'hiver, du tourisme. La lac Inle offre en effet un cadre enchanteur, mais il pourrait être victime de ses attraits et il faudra lutter pour en préserver l'équilibre au cours des prochaines années.

Ci-dessous, des instantanés de vie quotidienne, puis une vision des maisons et des monastères, et enfin les pêcheurs ainsi que les très astucieux jardins flottants: ils sont créés en couchant sur des bancs de jacinthes d'eau un lit de terre et de boue. Les légumes poussent à foison toute l'année, puisant les nutriments du lac. Les jardins flottants sont arrimés au sol au moyen de grandes perches de bambous enfoncées dans le sol, le long desquelles les jardins s'élèvent ou s'abaissent en suivant le niveau de l'eau du lac. Imparable!

Ci-dessous, des photographies de Shwe Inthein, Pein Daw, Sagar et Tar Khaung Mwetaw.

Quitter la quiétude du lac Inle pour se retrouver plongé dans l'activité trépidante de Mandalay, c'est un peu rude. La circulation est intense, et les nombreuses pétrolettes dégazent à tout va... ça pique un peu la gorge ! D'où une première impression mitigée, avant qu'on ne succombe progressivement aux charmes de la ville, qui offre mille visages différents.

Les très nombreux artisans (sculpteurs sur marbre, fondeurs de statues en bronze, batteurs de feuilles d'or, tisseurs, polisseurs de jade), les milliers de bonzes, l'extraordinaire temple Mahamuni, avec son grand sage recouvert d'or, les collines de Sagaing aux centaines de pagodes, la tranquille Inwa, Mingun...

Le soleil qui se couche sur les rives de l'Irrawaddy, et les défilés pétaradants et musicaux des futurs novices... et bien d'autres choses encore. Tout cela fait un cocktail détonnant.

Attention, fréquentation touristique importante en haute saison. Pour profiter des lieux, il faut savoir ralentir un peu le rythme et prendre un peu plus de temps, s'éloigner des cohortes de touristes ou décaler ses heures de visite !

Presque tous les enfants passent dans leur enfance un séjour pouvant aller de quelques jours à un an en tant que novices dans un monastère. Cela fait partie de leur éducation, et c'est l'occasion d'un cortège joyeux pour lequel les parents et grands parents n'hésitent pas à dépenser beaucoup d'argent, ne serait-ce qu'en vêtements de location, puisque tous sont vêtus comme des rois. Nous avons vu plusieurs de ces cortèges, accompagnés de musique, voire d'acteurs, interprêtant des scénettes.

Le patrimoine religieux de Mandalay est extrêmement riche.

Ci-dessous, un condensé... avec tout d'abord le monastère shwenandaw, une véritable dentelle de teck; la pagode Kuthodaw, avec ses 729 stupas blancs, la pagode Sandamuni avec ses 1774 stupas, et son imposant Bouddha doré de 20 tonnes. Pour finir, la pagode Sutaungpyai, qui coiffe la colline de Mandalay.

Ci dessous, d'abord le le superbe temple Mahamuni ("vieux sage"), un des lieux de culte les plus fréquentés en Birmanie. Il est célèbre pour la monumentale statue de Bouddha dont le corps est tellement recouvert de feuilles d'or qu'il en est bosselé.

Puis un regard sur les novices du monastère des 1300 moines, ou Mahagandaryone à Amrapura, tout à côté de Mandalay.

En revanche, vous ne verrez pas de photos du célébrissime pont U-bein. Pris d'assaut à toute heure, il n'y a qu'en dehors des saisons touristiques qu'il est désormais possible d'en goûter la beauté. Nous y sommes allés, mais il y avait bien trop de monde pour que la magie puisse opérer !

Nous rallions Bagan par la route. C'est l'occasion de faire une halte auprès d'une curiosité, le "Mont Popa". Le monastère taung Kalat, surnommé abusivement Mont Popa du nom d'un volcan voisin, est un lieu de pelerinage populaire. Le monastère est posé en haut d'un bouchon volcanique. 777 marches à gravir, ponctuées de petites salles dédiées à Bouddhas et aux Nats (grands esprits de la nature, héritage des cultes animistes), au milieu des cavalcades des macaques qui essaient de chiper les offrandes et sont chassés par une armée de balayeurs.

Au pied du monastère, nous nous sommes d'abord arrêtés dans une espèce de disneyland bouddhiste en construction. Les seuls présents étaient des doreurs de stupa en pleine action!

Bagan, un site exceptionnel ! Des centaines de temples disséminés dans la campagne...

La variété des styles, des formes et des tailles est extraordinaire, et ce même si certaines restaurations ont été hasardeuses. Dans les photos qui suivent, un aperçu de toutes les évolutions architecturales : les stupas qui ont progressivement pris une forme de cloche coiffée d'une flèche fuselée, les pagodes une forme pyramidale surmontée d'une ogive, tandis que les temples gagnaient en taille et en hauteur, s'ouvraient sur leurs 4 côtés et se dotaient d'un toit de plus en plus complexe intégrant une tour en épi de maïs...

Puis une infime sélection des Bouddhas croisés à Bagan, même parfois dans les pagodes les plus isolées!

Bouddha assis, debout, couché, gros, maigre, souriant, énigmatique....

Tous ceux qui ont visité des pays asiatiques connaissent les multiples représentations de Bouddha. Mais là, même après le Viet Nam et le Cambodge, nous en avons vu de toutes les nuances...

Il faut dire que la tradition Theravada nomme 29 Bouddhas, à savoir 27 qui ont précédé le Gautama (qui lui est donc le 28ème), et le 29 ème, dit "Le Bouddha du futur" Maitraya. Ils se répartissent dans plusieurs ères, la dernière étant celle de notre temps.

Il n'est donc pas étonnant d'en voir autant de représentations, les pauses étant de plus extrêmement codifiées, selon la position des mains et des doigts notamment.

Le survol de Bagan en montgolfière restera sans doute à jamais gravé dans nos mémoires. Au petit matin, alors que la nature s'éveille, les temples émergent des bosquets et des voiles de brume rapidement dissipés par le soleil. Nous glissons comme dans du velours... dans la lumière oblique, les ombres projetées dessinent nettement les silhouettes, comme un théâtre d'ombres...

Après Bagan, nous nous envolons pour Yangon et de là nous prenons une voiture pour aller un peu plus bas, au sud est, dans un autre haut lieu de la foi bouddhique en Birmanie : le Golden Rock. C'est un lieu de culte extrêmement populaire, fréquenté par beaucoup de personnes venant des campagnes. Le Rocher d'or se trouve niché sur une montagne, à 1200 mètres d'altitude, et on y accède au moyen de camions-bétaillères transformés en bus. Là haut, les pélerins se pressent pour prier autour d'un grand rocher de 6 mètres de diamètres, en équilibre, entièrement recouvert de feuilles d'or, et surmonté d'une petite pagode. Ce serait un cheveu de Bouddha qui lui permettrait de rester en équilibre... Des familles entières sont installées sur la grande esplanade, et c'est un ballet incessant de vendeurs et de porteurs de marchandises et de valises.

Nous restons là à observer toute cette vie, en attendant le coucher du soleil. Nous regardons les petits bonzes de corvée de tapis, et le va-et-vient incessant devant les kiosques qui vendent des feuilles d'or. Nous nous faisons bénir par un vénérable bonze, et solliciter par de nombreux pélerins pour faire avec nous des selfies !

Ancienne cité impériale, Bago connut son age d'or au 15ème siècle. Le stupa de la pagode Schwemawdaw, haut de 114 mètres, est visible à 10 km à la ronde. La pagode aurait été fondée au premier millénaire, et le stupa renfermerait 1 cheveux de Bouddha... mais aussi des dents...

Agrandi régulièrement, il atteignait 96 mètres en 1796. Détruit par un violent séisme en 1930, il fut reconstruit après la deuxième guerre mondiale, tel que nous le voyons là.

Après la pagode, nous allons visiter le palais impérial, qui avait été totalement rasé depuis des siècles et qui est en reconstruction - reconstitution. Sur une photo vous voyez les immenses colonnes de bois avec, à côté, le reste des colonnes d'origine.

Puis, à la fin du premier carrousel, se trouve les 4 grands bouddhas assis de la Pagode Kyaik Pun, datant du 7ème siècle et restaurée en 1476. Hauts de 27 mètres, ils sont tournés vers les 4 points cardinaux.

Voici deux grands Bouddhas couchés. Le plus grand, qui mesure 76 mètres de long (!) est le plus récent, puisqu'il date de 2002. C'est le deuxième plus grand de Birmanie (le plus grand, qui est aussi le plus grand du monde, se trouve plus au sud, et mesure 120 mètres de long).

Le deuxième Bouddha est le plus ancien, et le plus vénéré. Il ne fait "que" 55 mètres de long, mais c'est sans conteste le plus beau. Il a plus de 1000 ans ! Complètement oublié après que Bago ait été dévastée en 1757 et sa population massacrée, il fut entièrement recouvert de végétation et découvert par les Anglais en 1880. Il fut alors restauré et on lui rajouta un socle en marbre, un coussin orné de mosaïque, et des fresques furent rajoutées à l'arrière.

Il représente le Gautama sur son lit de mort au moment d'atteindre le parinirvana, cessation complète de l'existence et victoire définitive sur la souffrance.

Finissons cette page par Yangon, connue aussi par les occidentaux sous le nom de Rangoon. C'est la capitale économique, culturelle et diplomatique du Myanmar, et la ville la plus peuplée (4,5 millions d'habitants). La capitale officielle est une ville créée de toutes pièces sur décision du gouvernement, Naypyidaw, mais c'est une capitale fantôme peuplée seulement de fonctionnaires.

Ci dessous vous verrez des photos de la Pagode Sule, qui selon la tradition a été fondée en 230 avant JC. Ensuite la magnifique et éblouissante Pagode Schwedagon, le sanctuaire bouddhique le plus sacré de Birmanie.

Son stupa culmine à 99 mètres, et il renfermerait des reliques de 4 Bouddhas, dont pas moins de 8 cheveux du Gautama ! Le complexe religieux, situé en haut d'une colline, date sans doute du premier millénaire et n'a ensuite jamais cessé de s'agrandir et de s'embellir.

De très nombreux croyants s'y pressent, dans une espèce de ferveur tranquille et accueillante. Pourvu que vous vous comportiez de manière correcte et respectueuse, vous êtes très bien admis dans les lieux de culte.

A la fin de l'après midi, sous les rayons obliques du soleil déclinant, le site entier prend des couleurs dorées puis orangées. Puis les zedis effilés flamboient, et tout semble irréel.

La nuit tombe, il est temps de rentrer à l'hôtel pour aller admirer la ville, depuis le toit-terrasse, en buvant un verre...